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L'esprit de Tibhirine, et autres récits - Page 13

  • Deux nièces de Frère Paul réagissent au livre

    Odile Chessel et Françoise Boëgeat-Chessel, nièces de Frère Paul, martyr de Tibhirine, ont envoyé chacune un texte, tous deux destinés à être publiés ce blog.


    L'esprit de Tibhirine
    par Odile Chessel

    Quiconque l’a faite ou la fera, cette route jusqu’à Notre-Dame de l’Atlas de Midelt, a ressenti ou ressentira sans doute ce qu’a si justement décrit Nicolas Ballet dans son livre. Ce récit est déjà celui d’une rencontre. Celle de frère Jean Pierre Schumacher rescapé de l’enlèvement des moines de Tibhirine. Nicolas a bien su restituer l’émotion qui nous submerge au contact de cet homme à la silhouette si frêle et à la voix si douce, marqué par la douleur de la perte de ses frères mais rempli aussi de la grâce du message laissé dont il est encore porteur. Ce récit est aussi celui de la découverte de la vie monastique de cette petite communauté de Notre-Dame de l’Atlas qui avec discrétion perpétue les rituels cisterciens en terre d’islam et les liens tissés avec le voisinage ne sont pas sans rappeler ceux que tissait la communauté de Tibhirine (en Algérie). Si l’on accepte l’invitation à se rendre à Tatiouine (sur les sommets de l'Atlas, au-dessus de Midelt), ce que fit Nicolas Ballet, on se rendra compte alors de ce que signifie la présence à l’autre telle que la vivent Barbara et Marie, les sœurs franciscaines au service des populations nomades berbères. C’est donc le récit de la rencontre d’un homme dans son environnement monastique et marocain auquel nous convie Nicolas Ballet tout au long de ses chapitres qui sont autant d’étapes du voyage. On rentre de ce voyage transformé et plein d’interrogations sur le sens de ces vies données et surtout sur l’engagement des uns et des autres rencontrés en chemin.


    Une question de transmission
    par Françoise Boëgeat-Chessel

    En mars 2011, je rencontre à Lyon Nicolas Ballet pour la première fois, dans le cadre d’une commémoration inter-religieuse à la mémoire des Frères de Tibhirine. En tant que journaliste, il «couvre» l’événement. Il a réalisé plusieurs articles remarqués sur Tibhirine à cette même période. D’emblée, transpire son intérêt pour l’histoire de ces hommes. Lorsqu’il me confie par la suite le projet de ce livre, je ne suis pas étonnée. Ce qui me touche, positivement, c’est le fait que la vie de ces moines suscite la curiosité d’un homme d’à peine quarante ans. C’est pour moi le signe d’un esprit ouvert et sensible. Je constate depuis une quinzaine d’années que ceux qui se sentent sincèrement proches des Frères  cherchent à vivre eux-mêmes des liens humains plus simples et plus profonds. Sa première entrevue avec Jean-Pierre, frère-survivant, sera déterminante dans sa décision d’écrire ou plutôt de co-écrire cet ouvrage. Et, ce que je trouve au final magnifique, c’est cela : oser la rencontre et ce qu’il peut en advenir. N’était-ce pas tout simplement Tibhirine : accueillir celui qui vient ? Je ressens dans cet ouvrage la force de la transmission en tant que souhait de donner ce que l’on a reçu et compris de la vie. L’un donne ses mots, son témoignage sur le sens de son expérience personnelle, spirituelle et communautaire. L’autre questionne, écoute, partage. La sensibilité des deux hommes rayonne et ouvre L’esprit de Tibhirine au-delà du lieu géographique, renforçant ainsi son universalité. Nicolas Ballet et Frère Jean-Pierre, en évoquant la vie de l’un mais aussi les rencontres à Midelt, à Tatiouine ou avec le soufi de Médéa, ont su valoriser le fait que Tibhirine s’inscrit dans le cœur et l’esprit plutôt qu’en un lieu. Proche d’un des Frères, j’ai vécu douloureusement cette mort violente et injuste. En même temps, j’ai découvert l’engagement des moines et «le chemin de vie» qu’ils offraient à tous. C’est précieux à recevoir et à dire. En lisant le livre, je me suis à nouveau interrogée: «qu’est-ce qui fait, qu’après avoir vécu un tel drame, il est encore possible de rester positif, altruiste et de lire : confiance?». A travers les lignes, Frère Jean-Pierre a répondu : «En Tibhirine, nous puisons la force de répandre un message d’amour entre les hommes». Ce que nous disent les Frères, c’est de continuer à être un «humble rempart» contre la haine et l’intolérance.

  • Le cardinal et le poète

    A mon retour de vacances, je découvre deux lettres au fond de ma boîte - bonheur simple communiqué par ceux qui savent le pouvoir pacificateur des mots. La première, postée au Vatican : une carte de remerciement du cardinal Jean-Louis Tauran, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (et prochain annonciateur du nom du futur pape : le fameux "habemus papam", ce sera lui), pour accuser chaleureusement réception du livre expédié par l'éditeur, en août dernier, et m'annoncer qu'une recension en sera publiée dans le prochain numéro de Pro Dialogo (le bulletin trisannuel de ce conseil pontifical). Et la seconde, profondément sensible, envoyée de Saône-et-Loire par le poète Christian Bobin. Un texte à l'ample calligraphie, comme des notes virevoltant sur une partition, dépouillée, de musique baroque : "(...) écouter un moine, c'est comme coller son oreille contre un arbre très vieux pour entendre les vibrations éternelles et subtiles de la vie (...) ".

    N.B.

  • Le podcast de l'émission "Et Dieu dans tout ça?"

    L'émission "Et Dieu dans tout ça?", autour de "L'esprit de Tibhirine" (Nicolas Ballet) et de "Conversion au Silence" (Michel Cool), enregistrée au collège des Bernardins de Paris le 17 décembre 2012 par James Compébine, et diffusée sur Radio Notre-Dame

    http://radionotredame.net/player/http://radionotredame.net/wp-content/uploads/podcasts/et-dieu-dans-tout-ca/et-dieu-dans-tout-ca-02-02-2013.mp3

  • Quelques nouvelles de Midelt et d'ailleurs

    - Dans les longs voeux manuscrits qu'il m'a adressé cette semaine, Frère Jean-Pierre m'écrit qu'il ne reçoit "que des échos reconnaissants" à propos de notre livre. L'esprit de Tibhirine poursuit son petit bonhomme de chemin. Ceux qui passent par Midelt, quand ils ne le se sont pas procurés avant d'y aller, le lisent au retour, pour revivre leur voyage et l'approfondir spirituellement. Beaucoup de personnes m'ont dit, tel Christian Delorme en fin d'année dernière, qu'elles relisaient cet ouvrage et y puisaient à chaque fois des réflexions nouvelles. Africa semper aliquid novis, nous avait prévenu Rabelais! ("Toujours, l'Afrique apporte chose nouvelle.")

    - Cette semaine (numéro du 24 janvier 2013), l'hebdomadaire La Vie consacre, sous la plume de Charles Wright, son cahier spiritualités ("Les Essentiels" de La Vie), au nouvel évêque d'Oran. Jean-Paul Vesco est officiellement entré en fonction le 25 janvier dans ce diocèse très lié aux moines de Tibhirine. Ce dossier recommande un livre : le nôtre! Jean-Paul Vesco, que nous connaissons bien ici dans sa ville natale de Lyon (il y a longtemps officié comme avocat), a déjà usé ses semelles sur les chemins de Midelt au Maroc. Les soeurs franciscaines de la montagne de Tatiouine, dont nous parlons beaucoup dans le livre, ont reçu sa visite par le passé.

    - James Combépine, qui a préparé et animé l'émission "Et Dieu dans tout ça?", enregistrée en décembre dernier au collège des Bernardins à Paris avec la collaboration active d'Arielle Combépine, m'a envoyé un courriel pour m'avertir de la prochaine diffusion de cette rencontre sur Radio Notre-Dame. Ce sera le samedi 2 février et le samedi 9 février à 8h03 (mise en ligne sur le site de Radio Notre-Dame dès le 2 février, à 14 heures). Pour les Toulousains : diffusion sur Radio Présence le dimanche 3 février et le dimanche 10 février à 19h30. Durant cette émission, Michel Cool, rédacteur en chef à La Vie, et moi-même sommes longuement interrogés sur les itinéraires qui nous ont conduit à nous intéresser à la vie monastique. Bien d'autres questions sont abordées. C'est la première fois, peut-être, où j'évoque de manière aussi intime, la genèse de L'esprit de Tibhirine.

  • La version audio est prête : réaction du comédien Xavier Béja

    Comment 213 pages deviennent un enregistrement de huit heures... Notre livre L'esprit de Tibhirine, publié en septembre dernier au Seuil, amorce une deuxième vie. La dynamique maison d'édition Saint-Léger Production, qui a en acquis les droits, a réalisé un audio-livre au format MP3 dont la diffusion est annoncée pour le 22 janvier. L'objet sera donc en librairie à partir de fin janvier, tout début février, au prix de 20 euros. En voici la couverture :

    Image 25.png

    Le texte est lu par le comédien Xavier Béja, dont j'ai déjà parlé dans un précédent post, et qui s'est fait connaître d'un large public par son adaptation au théâtre du très beau livre Inconnu à cette adresse, de Kressmann Taylor, que certains d'entre vous ont certainement lu. Xavier Béja travaille à la compagnie Théâtre en Fusion (Paris 11) dont vous trouverez une présentation ici

    Je lui ai demandé, avant cette publication, de vous faire part de ce qu'il avait ressenti, comme comédien, en lisant ce texte. Sa réponse est arrivée hier :

    "Vous me demandez ce que j'ai ressenti en lisant L'esprit de Tibhirine: eh bien en lisant le livre pour la première fois chez moi, je ne  trouvais pas que ce témoignage était si important, je m'attendais à quelques révélations extraordinaires, un scoop, que sais-je?...mais il se trouve que le témoignage lui-même ne nous apprend pas grand-chose de plus sur la tragédie en elle-même.
    Mais lorsque j'ai commencé à préparer le texte d'abord, puis ensuite lorsque je l'ai enregistré à Saumur, il en a été tout autrement. J'ai été profondément touché par la simplicité, la fragilité, l'humilité du père Jean-Pierre. Et je peux dire aussi que j'ai été très frappé de cet engagement constant pour le dialogue interreligieux, cette goutte d'eau de fraternité et et d'amour dans un océan de défiance et de rivalités religieuses, cette obstination, cet enthousiasme,  qui pourraient passer pour ridicule aux yeux des gens "raisonnables", me paraissent extrêmement précieux. Et je pense de même que cette fraternité qui unit les tous les frères de la communauté de Tibhirine en terre d'Islam, fut tout à fait exceptionnelle.
    Enfin le Père Jean-Pierre aussi âgé soit-il, conserve un regard d'enfant sur le monde qui l'entoure, sur la nature, sur sur les gens en général et toute cette vie consacrée à Dieu, et offerte au partage dans un environnement si difficile est vraiment bouleversante. Jamais le père Jean-Pierre ne juge quiconque, ni les frères de la communauté, ni les musulmans, ni même les bourreaux. Il prend la vie telle qu'elle est et il porte sur elle un regard d'amour. C'est une très belle leçon qu'il nous donne, et je suis fier d'avoir pu enregistrer ce texte, d'avoir porté cette parole.
    J'espère que j'aurai été à la hauteur de son message, et que ce livre-audio contribuera à le faire connaître.
    Xavier Béja."

    Pour écouter un petit extrait de l'enregistrement et commander l'audiolivre ou le télécharger : http://saintlegerproductions.fr