Et si on allait à la piscine de Tibhirine?
Tous les ans, Jean-Marie Lassausse adresse d'Algérie, en général vers la fin de l'été, une lettre circulaire aux amis de Tibhirine pour les informer de la situation de l'ex-monastère, dont il a la "charge" depuis une quinzaine d'années : entretien avec les ouvriers algériens des vergers de 17 hectares, remise en état ou réaménagement de bâtiments, accueil des visiteurs (en majorité algériens) curieux de découvrir le site et désireux, pour certains, d'aller se recueillir sur les tombes des moines.
Sa dernière communication montre que les travaux ont bien avancé : ainsi, un parquet flottant a été posé dans la chapelle, "ce qui renforce sa beauté et son intimité". Un nouveau laboratoire pour la fabrication des confitures a été aménagé sous l'appartement d'accueil (à gauche en entrant, au niveau de l'ancienne infirmerie de frère Luc). Et, chose importante pour l'irrigation des cultures, un deuxième bassin de rétention d'eau de source (laquelle jaillit près du petit cimetière) a été creusé mi-août. Abrité par des roseaux, il peut même servir... de piscine! D'autres projets existent pour plus tard.
Mais le plus important à mentionner, c'est qu'un Belge de 57 ans, Frédéric, est arrivé pour seconder Jean-Marie Lassausse, à la suite de bien d'autres volontaires, auxquels les autorités algériennes avaient délivré des autorisations de séjour (chose à mon avis inimaginable il y a dix ans). Ce Belge devrait rester pour une longue durée. Non seulement sa présence est la bien venue pour l'accueil des visiteurs en journée - une tâche extrêmement prenante car les coups de sonnette sont à certaines périodes très nombreux - mais elle soulage Jean-Marie sur d'autres plans : Frédéric fabrique le pain et le fromage de brebis; il assure aussi une grande partie de la cuisine.
L'histoire ne dit pas s'il prépare de temps en temps des frites. Belges bien sûr. Et surtout, aussi croustillantes à l'extérieur et moelleuses à l'intérieur, que celles de frère Luc en son temps. Ah, l'ivresse des frites de Luc... Le plus sûr chemin vers le péché de gourmandise! "La bonne cuisine, c'est important pour le moral d'une communauté" me rappelait frère Jean-Pierre. Frère Luc lui racontait qu'il était, pour cette raison, plus difficile de trouver des cuisiniers que des abbés.
Bientôt vingt ans après l'enlèvement et la mort des moines, la paix est revenue dans cette partie de l'Algérie mais les conditions de vie restent rudes autour de Tibhirine et Médéa : l'isolement en altitude, les hivers rigoureux y rendent les journées parfois longuettes.
Frédéric sait ce qu'il lui reste à faire!
Si vous souhaitez contribuer à l'entretien de l'ex-monastère, vous pouvez contacter l'association "Les Amis de Tibhirine" http://www.moines-tibhirine.org/index.php?option=com_content&view=article&id=57:association-les-amis-de-tibhirine&catid=49:associations&Itemid=81