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Le récit inédit de ma rencontre avec François Michelin

Mardi 9 mars 2010, grâce à un ami auquel je dois beaucoup, j'ai eu le "privilège" de rencontrer longuement, à titre privé, l'ex-patron du leader mondial des pneumatiques sur ses terres d'Orcines, près de Clermont-Ferrand. Il était alors âgé de 83 ans et en pleine possession de ses capacités intellectuelles.

Je n'étais pas envoyé par ma rédaction pour un reportage mais c'était en partie en raison de mon suivi de l'actualité sociale (que je ne couvre plus, depuis) et religieuse au Progrès, à Lyon (ville du "Primat des Gaules"), que François Michelin s'était montré intéressé par la perspective d'échanger avec moi.

François Michelin, décédé mercredi à l'âge de 88 ans, était un patron chrétien, souvent décrit comme très secret et peu accessible. Il ne recevait plus de journalistes les dix dernières années de sa vie. La mort accidentelle de son fils, Edouard, désigné comme son successeur, l'avait fait se replier sur lui-même. Son épouse était alors gravement malade. On le sentait, plus que jamais, préoccupé par les questions liées à la spiritualité. L'homme que j'ai eu face à moi avait beau être un très grand patron, il n'en était pas moins très ordinaire. Extrêmement simple et affable. Mais aussi et surtout, très sensible, au point d'avoir parfois les larmes aux yeux, à l'évocation de certains souvenirs personnels. Il était enfin plein d'humour et d'auto-dérision, bien loin de l'image austère que certains journalistes très (trop) militants avaient pu lui accoler sans jamais l'avoir rencontré (ou alors avec tant de présupposés et d'agressivité que l'échange ne pourrait que tourner court...)

Quelques mois après ce déjeuner, François Michelin m'avait appelé pour me dire qu'il avait lu l'enquête que j'avais publiée dans Le Progrès sur l'histoire "lyonnaise" des moines de Tibhirine et que ces moines constituaient pour lui "une boussole dans sa vie" et une réponse à l'islam (qu'il tendait à voir de façon monolithique, comme beaucoup de chrétiens de sa génération) religion pour laquelle il montrait, c'est le moins que l'on puisse dire, très peu d'affection : les fondements en étaient, selon lui, meurtriers.

Dans le long récit, totalement inédit, de l'échange du 9 mars 2010, publié hier par Le Progrès (cf. lien Internet ci-dessous, en libre accès), il ne sera toutefois pas question de l'islam. Car ce sujet n'avait alors pas constitué le coeur de la discussion, à teneur davantage "philosophique". Celle-ci avait porté, principalement, sur l'Homme et sur l'excès de matérialisme qui ronge notre temps. C'est sur ces thèmes que François Michelin m'avait paru, du fait de son expérience de chef d'entreprise paternaliste et de sa foi chrétienne vécue dans le siècle, le plus profond. Bonne lecture!

http://www.leprogres.fr/france-monde/2015/04/30/francois-michelin-les-confidences-d-un-patron-tres-secret

Nicolas Ballet

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