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Merci à tous

Ite missa est. La tournée d'automne autour du livre s'est terminée hier soir à Paris sur une note parfaitement tibhirinesque, c'est-à-dire, très conviviale et sans chichi. Après la conférence au somptueux collège des Bernardins, Arielle et James Combépine, les sympathiques et très chaleureux maîtres d'oeuvre de l'émission "Et Dieu dans tout ça?" (Radio Notre-Dame), avaient prévu un petit apéritif qui a été l'occasion d'échanges nature entre les uns et les autres - avec Michel Cool (La Vie) mais sans Michael Lonsdale, qui n'a pu être là en raison d'un petit "accident de parcours" le jour-même (nous lui souhaitons un prompt rétablissement). De tout cela naîtront sans doute d'autres liens, j'en suis certain. (Diffusion de l'émission dans les semaines qui viennent - vous en serez informés ici).

J'ai eu le plaisir de faire la connaissance, à la fin de la conférence, avec l'une des soeurs de Christian de Chergé, Claire, qui m'a exprimé son bonheur d'avoir pu lire L'esprit de Tibhirine et qui m'a dit être profondément en accord avec ce constat : Tibhirine est une histoire de liens puissants. Nous avons pu échanger quelques confidences qu'il serait indélicat de reproduire ici sans son accord - ce sujet de Tibhirine restant toujours très sensible et douloureux pour les familles.

Avant Paris, il y a eu trois jours à l'abbaye bénédictine de Belloc (Pyrénées-Atlantiques), où j'ai tenu bon malgré l'épuisement. La conférence donnée le samedi après-midi a fait salle comble. L'accueil du public a été particulièrement enthousiaste (des soeurs franciscaines qui ont vécu à Midelt étaient présentes!). Tant et si bien que le père abbé, fait assez exceptionnel, m'a demandé de refaire la même conférence le soir-même, cette fois-ci pour l'ensemble des frères de la communauté (qui ne pouvaient être là l'après-midi). Là aussi, les vingt-cinq moines semblaient boire le récit que je faisais de la vie à Midelt. "Nous étions captivés" m'a confié le lendemain le père abbé. Si captivés, que les moines ont raté ce soir là le début de leur office de 21 heures! Belloc m'a impressionné par son organisation. Chaque conférence est enregistrée et diffusée ensuite sur la radio locale partenaire de Radio Notre-Dame. Et le quotidien Sud-Ouest en fait un compte-rendu détaillé.

Au passage, j'ai pu goûter au délicieux fromage de brebis basque, dont l'abbaye de Belloc s'est fait une spécialité. Mes bagages se sont considérablement alourdis au retour...

Frère Jean-François, le libraire de l'abbaye, a eu la gentillesse de me promener, le dimanche matin, à travers la verte campagne alentour, entre Pays Basque et Gascogne. Il m'a conduit jusqu'à La Bastide Clairence, magnifique village basque du Moyen Âge, construit au temps du royaume de Navarre. On remarque toujours ces volets et pignons rouges (ou verts), c'est obligatoire dans la région. "Le rouge est utilisé parce que les poutres et volets étaient peints au sang de boeuf" m'explique Frère Jean-François. (Le vert, je ne sais pas). L'église est un lieu de mémoire : c'est là que Paul Claudel a effectué sa conversion. Son intérieur aux bois peints est beau à couper le souffle. Nous étions là au moment de l'office et les voix étaient enveloppantes : "Le chant et la danse, dans la région, sont des choses primordiales" m'explique Frère Jean-François. Quelques heures après, un choeur de San Sebastien (pays basque espagnol - ou plutôt, comme l'on dit dans la région : pays basque du sud) à l'église des bénédictines de Belloc l'illustrera à nouveau de superbe manière. A La Bastide Clairence, d'autres particularités : un cimetière juif témoin de l'expulsion des juifs d'Espagne - et plus encore, du Portugal; et des pierres tombales disposées tout autour de l'église, sous une promenade abritée. Très beau.

Jeudi 13, une autre conférence avait eu lieu à Nîmes. Une bonne vingtaine de personnes avait fait le déplacement, malgré la pluie et le temps peu engageant. Une fatigue excessive m'a empêché d'être pleinement "présent" et je le regrette. Mais l'accueil a, là aussi, été formidable. Hubert Emmery, le responsable de la librairie Siloë organisatrice de la rencontre, m'a touché par ses confidences sur Tibhirine, qu'il a bien connue, et tout simplement, par son amour des livres. Sa librairie vaut le détour. Elle a ce charme désuet qui vous enveloppe comme dans un cocon et vous donnerait envie de lire tout ce qui vous passe sous la main.

Noël approche. Le bilan est pour moi humainement positif après ces quinze rencontres-débat-signatures en deux mois et demi, cette bonne dizaine d'émissions TV ou radio, sans compter de nombreuses interviews pour la presse écrite. Le livre a été chroniqué ou cité plus d'une soixantaine de fois dans des médias ou des revues francophones. Je me suis donné à fond, avec les équipes du Seuil que tiens à remercier ici chaleureusement pour leur soutien, tout comme certaines librairies qui ont, dès septembre, cru en nous et misé sur cet ouvrage lu avec intérêt (Eliane Guignard et ses collègues de la librairie Saint-Paul de Lyon; Christine, Loïc et leurs collègues de La Procure Lyon), afin de faire connaître l'expérience vécue par les moines de Midelt et le message de frère Jean-Pierre. Il faudrait bien sûr remercier aussi tous les lecteurs qui à Lyon et ailleurs, continuent d'alimenter le bouche-à-oreille car le livre continue de se vendre.

J'ai à présent besoin de repos après un an et demi sans aucun congés ni week-ends (sauf un ou deux), de l'enquête, à l'écriture du livre, jusqu'à cette promotion qui prend fin. C'est harassant. Bien sûr, l'année prochaine, auront sans doute lieu encore quelques conférences à la demande, mais en nombre restreint. Je souhaite prendre du recul : répéter toujours les mêmes choses risquerait de devenir lassant, il y a un temps pour tout et il est temps pour moi, comme je l'ai déjà écrit, de passer à autre chose. Les "posts" sur ce blog se feront forcément plus rares, même si je peux déjà vous annoncer qu'y apparaîtront normalement en début d'année prochaine, quelques réflexions livrées par des proches des moines.

Joyeux Noël à toutes et à tous, merci de votre fidélité et de votre enthousiasme pour ce livre. C'est grâce à vous qu'il a pu devenir, ce qu'il est devenu.

Nicolas Ballet

 

 

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